Soucieuse de préserver la qualité de vie de ses habitants, la Ville de Luxembourg investit chaque année dans les espaces verts et les arbres. En juillet 2024, elle a édité une brochure Les arbres dans la ville dont les textes et les photos sont signés Roland Kirch, aujourd’hui retraité du Service Parcs de la Ville. Rencontre avec l’auteur.

À quoi servent les arbres en milieu urbain ?

Non seulement ils embellissent les rues, les avenues, les parcs, mais ils procurent, et c’est important à l’heure actuelle, une meilleure qualité de l’air, des zones ombragées grâce à leurs couronnes qui, par l’évaporation qu’elles produisent, vont faire baisser la température. Ils offrent également un habitat à de nombreux êtres vivants.

Cela signifie-t-il qu’il est plus judicieux de planter plus de grands arbres en ville ?

Bien évidemment, les couronnes des grands arbres permettent de faire baisser la température plus efficacement, mais il ne faut pas oublier leurs racines, qui vont chercher les substances nutritives et l’eau dans le sous-sol, ce qui, en ville, provoque des dégâts aux canalisations et câbles. Au Luxembourg, nous avons remédié à ce problème par la pose de barrières de racines en tissu dans la fosse de plantation. Ainsi, arrivé à terme, l’arbre ne grandit plus. Pour ce qui est de faire baisser les températures estivales, je pense qu’il est préférable de créer plus d’îlots de verdure plantés de grands arbres que des arbres de rues en file indienne qui ne grandissent plus, par manque de volume de substrat pour les racines.

Vous êtes à l’origine de la création du cadastre des arbres de la Ville. À quoi sert-il ?

Jusqu’en 1992, année de création du cadastre, les données sur les arbres étaient pratiquement inexistantes. Il a donc été décidé de mettre en place un inventaire topographique et informatisé qui reprend, pour chaque arbre, son espèce, le diamètre de sa couronne, la circonférence de son tronc, sa hauteur, son année de plantation et sa localisation. En milieu urbain, les arbres étant très sollicités, des contrôles sont opérés régulièrement et si l’un ou l’autre doit être abattu, cela se fait avec l’autorisation du ministère de l’Environnement et dans le laps de temps légal (du 01/10 au 28/02). L'introduction du cadastre a donc permis des contrôles plus efficaces et une surveillance accrue en ce qui concerne le nombre et l’état des arbres, notamment via les directives de contrôle des arbres de la FLL allemande (Forschungsgesellschaft Landschaftsentwicklung Landschaftsbau), une asbl qui est, entre autres, organisme de certification pour les inspecteurs d'arbres et d'aires de jeux. Selon les données les plus récentes, 21.407 arbres sont répertoriés dans le cadastre, représentant 92 espèces, les érables, chênes, tilleuls et platanes étant les plus nombreux, mais l’objectif, depuis 2007, est d’augmenter continuellement la diversité des espèces dans le patrimoine, indigènes et étrangères, afin de les adapter au mieux à la configuration des lieux où ils doivent grandir : ensoleillement/ombre, insectes pollinisateurs, biodiversité…

C’est-à-dire des arbres climatiques, comme on les appelle aujourd’hui ?

Je préfère substituer l’adjectif « climatiques », qui ne veut rien dire, par « qui résistent mieux aux phénomènes météorologiques », mais cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas besoin d’espace et d’eau, ce qui représente le même défi en milieu urbain. Parmi les espèces non indigènes, on trouve principalement le chêne chevelu, le micocoulier de Provence ou encore le févier d’Amérique. On pense souvent, à tort, que les arbres du futur ne peuvent pas être issus des espèces indigènes, mais le tilleul à petites feuilles, les chênes pédonculé et rouvre ou encore l’érable champêtre continuent de se développer très bien. Il faut juste savoir où les planter.

La Ville compte des arbres remarquables. Pouvez-vous nous en parler ?

Contrairement à l’Allemagne ou la France, Luxembourg ne compte pas d’arbres millénaires, mais nous avons sur le territoire de la Ville de très beaux arbres séculaires. Dès lors, nous qualifions les arbres de « remarquables » lorsqu’ils sont hors-série avec un tronc, une couronne ou une circonférence exceptionnels, comme les 2 séquoias géants qui se trouvent dans le Parc municipal, dont l’âge est estimé à +/- 150 ans. Leur hauteur est de 37 mètres, le diamètre de leur couronne est d’environ 13 mètres et la circonférence de leur tronc de 7,53 mètres à 1 mètre du sol. Un autre arbre remarquable est le marronnier d’Inde planté à l’occasion de la naissance de S.A.R. le Grand-Duc Jean en 1921... Ces arbres et beaucoup d’autres constituent un très beau patrimoine environnemental, qu’il faut préserver et c’est l’une des missions du Service Parcs de la Ville de Luxembourg, que j’ai eu beaucoup de plaisir à accomplir.

Propos recueillis par Isabelle Couset

La brochure Les arbres en ville – Histoire, espèces et entretien

La brochure Les arbres en ville – Histoire, espèces et entretien est disponible en français/anglais/allemand et peut être commandée via mail (relationspubliques@vdl.lu). Plus d'infos sur arbres.vdl.lu.