Les MOOC ou la révolution
de la formation professionnelle
Moins chers, plus rapides, plus collaboratifs, les cours en ligne ou MOOC (acronyme anglais de Massive Open Online Courses) séduisent de plus en plus le secteur de la formation continue sans toutefois s’y imposer. Du moins pas encore…
Créés dans les années 2000 au sein d’universités américaines les plus prestigieuses (Standford, MIT, Harvard), les MOOC permettent aux étudiants et à tous ceux qui le souhaitent, salariés de l’entreprise, retraités, chômeurs de se former en ligne, d’interagir avec d’autres, sans contrainte de temps ou de lieu. Le tout gratuitement. Le cours est découpé en plusieurs séances de dix ou quinze minutes, dispensées sur plusieurs semaines, et animé par un enseignant. Documents, illustrations, exercices et devoirs sont également proposés aux apprenants. Le tutorat et les forums peerto- peer sur lesquels s’appuient les MOOC fonctionnent de manière interactive, ce qui les distingue des cours vidéo en ligne. L’idée qui préside à cette nouvelle organisation « apprenante » est celle de la coconstruction des savoirs et des savoirfaire. Petite révolution pédagogique, le MOOC ne débouche sur aucun diplôme.
Peut-on parler d’innovation pédagogique ?
Sans nul doute, les MOOC, nouveaux outils numériques, se mettent au service d’une pédagogie innovante. Ainsi, le véritable renversement de situation est que l’apprenant est au centre du dispositif de formation (classe inversée) et la technologie du numérique, à son service. La classe inversée, c’est la classe dans laquelle les connaissances de base sont acquises en ligne, à distance, puis discutées et appliquées au cours de l’enseignement présentiel. Le MOOC peut également offrir une pédagogie à géométrie variable en fonction des disponibilités et des volontés des participants. Il ouvre de nombreuses possibilités, telles que le partage de notes de cours, l’évaluation par les pairs, les forums de discussion, etc.
Les MOOC permettent en outre la rencontre de publics divers issus de différents horizons et favorisent la constitution de communautés d’apprentissage. Pour autant, l’utilisation de ces outils n’est pas forcément un gage de modernité : CDRom, Internet, diaporamas et serious games existent déjà depuis 20 ans. On peut donc être à la pointe de la technologie et diffuser des formations au contenu obsolète ou peu structuré. A ce jour, l’apport pédagogique réel de ces outils reste difficile à mesurer en raison du faible recul dont on dispose.
MOOC, SPOC, COOC, quelles différences ?
Quel que soit le format, il s’agit de cours en ligne. Les MOOC, conçus par des établissements (universités, grandes écoles) dispensent des formations théoriques (introduction à la finance, aux statistiques, stratégies de la communication…) destinées à tous et, plus récemment, aux salariés des entreprises avec un contenu adapté. Le cnam (Conservatoire national des arts et métiers), établissement spécialisé dans la formation professionnelle et qui dispense près de deux tiers de ses enseignements à distance, a, par exemple, créé récemment des MOOC dont le cours phare Du manager au leader est très prisé. Ses 40.000 inscrits le place en tête de la plate-forme française France université numérique.
Les MOOC représentent une charge de travail importante, jusqu’à 3 ou 4 h par semaine, et exigent de l’autonomie et de la motivation, ce pourquoi il semblerait que la plupart des apprenants laissent tomber au bout d’un certain temps.
Les COOC, acronyme de Corporate Open Online Course, sont la version corporate des MOOC. Le COOC est une formation en ligne conçue et dispensée par l’entreprise à ses salariés. Son objectif est de faire connaître la culture d’entreprise (valeurs, culture, expertise) et de permettre à ses salariés de développer de nouvelles compétences. Les cours sont un mélange de théories et de pratiques. Les meilleurs participants reçoivent des certifications symboliques.
L’intérêt de ce format est de pouvoir former, à moindre coût, un grand nombre de salariés dispersés géographiquement sur tous les continents. Depuis deux ans, les COOC se développent rapidement car ils sont parfaitement adaptés aux attentes des salariés, toujours plus connectés.
Les SPOC, ou Small Private Online Courses, se développent pour répondre au besoin d’un nombre restreint de personnes. Ces petits cours en ligne privés, conçus récemment par de grandes universités américaines (2013) en réponse à la difficulté qu’avaient les étudiants à suivre jusqu’au bout les MOOC, ont intéressé les nouveaux acteurs de la formation professionnelle qui en ont fait un service à l’entreprise, rendant ainsi possible le développement de la formation professionnelle. Il s’agit en quelque sorte de la version numérique du stage de formation. Par exemple, au Luxembourg, les personnels de certaines filiales et sociétés internationales participent activement à des SPOC sur des thèmes ciblés.
Les MOOC représentent une charge de travail importante, jusqu’à 3 ou 4 h par semaine, et exigent de l’autonomie et de la motivation, ce pourquoi il semblerait que la plupart des apprenants laissent tomber au bout d’un certain temps.
Les COOC, acronyme de Corporate Open Online Course, sont la version corporate des MOOC. Le COOC est une formation en ligne conçue et dispensée par l’entreprise à ses salariés. Son objectif est de faire connaître la culture d’entreprise (valeurs, culture, expertise) et de permettre à ses salariés de développer de nouvelles compétences. Les cours sont un mélange de théories et de pratiques. Les meilleurs participants reçoivent des certifications symboliques.
L’intérêt de ce format est de pouvoir former, à moindre coût, un grand nombre de salariés dispersés géographiquement sur tous les continents. Depuis deux ans, les COOC se développent rapidement car ils sont parfaitement adaptés aux attentes des salariés, toujours plus connectés.
Les SPOC, ou Small Private Online Courses, se développent pour répondre au besoin d’un nombre restreint de personnes. Ces petits cours en ligne privés, conçus récemment par de grandes universités américaines (2013) en réponse à la difficulté qu’avaient les étudiants à suivre jusqu’au bout les MOOC, ont intéressé les nouveaux acteurs de la formation professionnelle qui en ont fait un service à l’entreprise, rendant ainsi possible le développement de la formation professionnelle. Il s’agit en quelque sorte de la version numérique du stage de formation. Par exemple, au Luxembourg, les personnels de certaines filiales et sociétés internationales participent activement à des SPOC sur des thèmes ciblés.
Pour permettre un meilleur suivi, le SPOC offre la possibilité de dialoguer avec le formateur et donne lieu à l’obtention d’un diplôme. La motivation dans le cadre d’un SPOC est donc le plus souvent supérieure à celle d’un MOOC. D’autant qu’à la différence des MOOC, les participants sont sélectionnés suite à une évaluation et un paiement préalables. D’autres types de cours en ligne au format différent continuent d’apparaître dans le domaine de la formation en ligne (SOOC, CMOOC, etc.)
Un premier MOOC dédié aux responsables formation suivi d’un SPOC
Les RH ont aussi droit désormais à leur MOOC. C’est la jeune start-up française UNOW qui en a eu la première l’idée et qui a lancé, il y a un an, un MOOC spécialement dédié aux RH. Elle réussit à réunir plus de 5.000 personnes autour de ce cours en ligne. Face à ce succès, l’Association Française pour la Formation en Entreprise et les usages du Numérique (AFFEN) et l’Université de Caen ont emboîté le pas et lancé leur propre cours en ligne à destination des responsables de la formation. Dans la foulée, la start-up, forte de ce premier succès, a décidé de transformer ce MOOC en SPOC afin de s’adresser directement aux entreprises souhaitant aider leurs équipes RH à mieux comprendre les enjeux digitaux.
Les MOOC et les entreprises
La plupart des grandes entreprises tentent, depuis quelque temps déjà, de promouvoir la formation continue via les MOOC, concurrençant ainsi la formation en intra ou interentreprise. Pas facile ! Ces nouveaux modes d’apprentissage bousculent tout à la fois les usages, les modèles managériaux et les DRH. Les entreprises de taille moyenne et les petites entreprises peinent de leur côté à numériser leurs formations, faute d’un accompagnement vers la transition numérique. Les politiques publiques n’ayant pas su identifier comme une priorité la numérisation de la formation professionnelle continue. Avec les conséquences que l’on connaît. La France est un exemple parmi d’autres (jusqu’en 2013). Une étude européenne réalisée par l’Observatoire de la CEGOS en 2015 dans quatre pays européens (Quelle formation professionnelle aujourd’hui et pour demain ? ) montre ainsi que la France, où la culture « présentielle » reste forte, accuse un retard dans la démarche de digitalisation de la formation professionnelle : alors que 65 % des salariés espagnols ont suivi des cours en ligne, seuls 29 % des salariés français disent avoir bénéficié d’une formation en ligne. Ce que confirme une autre étude menée en 2011 par le Baromètre européen du e-learning : 17 % des entreprises françaises ont indiqué avoir formé via les MOOC leurs salariés, contre 40 % au Royaume-Uni, en Espagne et au Benelux. Au Luxembourg, le gouvernement vient de décider de créer un fonds dédié aux nouvelles technologies, le Digital Technical Fund, dont la mission est de financer des dispositifs dont les jeunes start-up ont besoin pour se développer (cybersécurité, FinTech, Digital Learning, etc.).
En démultipliant le nombre de bénéficiaires, les MOOC et les SPOC ouvrent de nouvelles perspectives pour la formation professionnelle continue (et initiale).
Mais les MOOC en sont à leur tout début. Il reste de gros efforts à accomplir pour les améliorer, notamment en ce qui concerne la question de leur financement (la production d’un MOOC est onéreuse, d’autant plus qu’il a une durée de vie limitée en raison de sa rapide obsolescence), l’accès aux données personnelles, l’évaluation et la certification des apprenants…
Gageons qu’une fois les obstacles levés, la numérisation de la formation constituera une opportunité pour réinterroger la manière d’apprendre et d’enseigner. Sans pour autant évincer l’enseignement traditionnel, à condition que celui-ci se modernise, bien entendu.
Martine Borderies