Les Belges et le Grand-Duché : histoire, actualité, perspectives
Le 5 février dernier dans les locaux de la Chambre de commerce, le LISER et plusieurs partenaires ont fait le point sur l’état des relations entre la Belgique et le Luxembourg au cours d’un colloque, et ce quelques semaines après la visite d’Etat rendue au Grand-Duché par les souverains belges.
Ce sont quelque 120 participants qui ont pu écouter tout au long de la journée pas moins de 41 orateurs différents sur le thème Les Belges et le Grand-Duché : histoire, actualité, perspectives. La journée était divisée en quatre grandes parties. La première s’intéressait à l’historique des relations entre les deux Etats ainsi qu’aux échanges politiques et économiques. La seconde session était consacrée à divers types de collaborations, notamment en matière d’environnement, d’armée et de culture. La troisième session a donné la parole aux représentants de plusieurs associations de Belges implantés au Grand-Duché. Finalement, une table ronde réunissant acteurs publics, syndicaux, patronaux et de la société civile a débattu autour de trois questions différentes : Quelles sont les thématiques communes à traiter ? Quelles priorités inscrire à l’agenda ? Quelles méthodes pour travailler ensemble les futurs dossiers ?
Il était important de refaire le point sur l’état relationnel de deux monarchies intimement liées par divers facteurs. En effet, le ciment liant le Grand-Duché à la Belgique dispose de plusieurs composantes. Tout d’abord une histoire commune entre les deux familles régnantes : les Nassau et les Saxe-Cobourg-Gotha, liés depuis que les deux pays sont indépendants, même si les territoires de ceux-ci ne faisaient déjà qu’un depuis les Pays-Bas espagnols au Moyen Âge.
En second lieu, l’Union Economique Belgo-Luxembourgeoise (UEBL) créée en 1921 de manière, notamment, à assurer la parité des deux monnaies nationales. Troisième élément, le Benelux créé à la fin du second conflit mondial avec l’aide des Néerlandais de façon à donner du poids à trois petits pays européens. Quatrième composante : les flux de travailleurs frontaliers. Les Belges sont quelque 40.000 à se rendre quotidiennement au Luxembourg pour y travailler. Cinquième et dernier élément enfin, la « compensation Martelange » instaurée en 1975 et organisant déjà une sorte de rétrocession fiscale du Luxembourg vers la Belgique.
Il était important de refaire le point sur l’état relationnel de deux monarchies intimement liées par divers facteurs.
Principales conclusions
Si les raisons historiques d’organiser pareil colloque ne manquaient pas, il faut constater deux conclusions essentielles à la journée. Tout d’abord, il a flotté sur les discussions une sorte de parfum de nostalgie. Belges comme Luxembourgeois ont souvent semblé regretter leur union passée, brisée en 1839 à une époque où les habitants de l’actuel Grand-Duché se montraient plutôt courroucés de devoir quitter la Belgique. Deuxième conclusion, conséquence finalement heureuse de la première : des institutions et des traités de collaboration comme l’UEBL et le Benelux continuent de fonctionner entre les deux pays et ont même été récemment reconduits. Il en ressort la preuve que malgré les progrès de l’unification européenne, d’anciens systèmes et mécanismes de collaboration subsistent car ils continuent de donner pleine satisfaction aux deux pays.
Bien entendu, des points négatifs ont été mis sur la table également. On l’aura deviné, on aura reparlé des problèmes de mobilité des frontaliers arrivant tant par le train que par la route depuis la Belgique ; on aura pointé aussi des difficultés administratives en matière de sécurité sociale.
Le LISER ne compte pas en rester là puisqu’il a déjà invité l’ensemble des participants et orateurs à se joindre à lui en vue de mettre sur pied en 2021 deux colloques dans le cadre du centenaire du traité instituant l’UEBL.