L’Office du Ducroire, l’assureur-crédit public du Grand-Duché de Luxembourg
En tant que guichet unique du gouvernement destiné aux exportateurs, l’Office du Ducroire propose des solutions d’assurance contre les risques que les entreprises luxembourgeoises peuvent rencontrer dans le cadre de leurs transactions internationales et de leurs investissements à l’étranger. Il offre également des incitants financiers lorsqu’elles souhaitent promouvoir leurs produits et services à l’étranger. Entretien avec Simone Joachim, CEO, et Danielle Wirtz, Deputy CEO, de l’ODL.
Dans le contexte économique international, qui est très compliqué, comment se portent vos activités ?
Malgré le contexte macroéconomique peu porteur, la situation politique très incertaine dans de nombreux pays (guerre en Ukraine, en Palestine…), l’ODL a été très actif en 2023 et reste très sollicité car 2024 est une année électorale dans beaucoup de pays du monde : Europe, États-Unis, Inde, Indonésie… Le cours des matières premières, les coûts de l’énergie et les taux d’intérêt, toujours élevés, grèvent la compétitivité des entreprises européennes et les poussent vers de nouveaux marchés ainsi qu’à prospecter des clients qu’elles ne connaissent pas. Exit la Russie, elles démarchent à présent d’autres pays : Émirats arabes unis, Turquie… et Inde pour lequel nous avons une très forte demande. Dès lors, elles prennent plus de précautions qu’auparavant et se tournent vers nous pour souscrire des assurances-crédits.
De même, tout le volet lié à l’assurance des crédits bancaires octroyés par les banques du pays à des entreprises luxembourgeoises est en forte augmentation, ce qui démontre que les entreprises peinent toujours à retrouver leur niveau de trésorerie d’avant la crise sanitaire. En 2023, pour ces 2 secteurs confondus, nos activités ont augmenté de 30 %. Comme chaque fois que le contexte international est incertain, le risque de sinistre et donc d’indemnisation est important, et nous constatons que nos procédures de recouvrement prennent beaucoup plus de temps qu’avant.
Et les activités du COPEL ?
Du côté du Comité pour la promotion des exportations luxembourgeoises (COPEL), les demandes sont de plus en plus importantes. 2023 a été une année record en termes de soutien financier aux entreprises exportatrices dans leur travail de prospection et de promotion de leurs produits/services à l’international, plus particulièrement pour les actions de marketing numérique. Et la tendance se poursuit sur les premiers mois de 2024. Ces aides, qui sont régies en particulier par le règlement de minimis, ont été revues à la hausse pour 2024 avec un plafond qui est passé à 300.000 EUR (au lieu de 200.000 EUR) par société sur une période de 3 ans.
Quels sont les critères que vous avez modifiés récemment pour les assurances-crédits ?
Nous avons modifié certaines clauses de nos conditions générales afin de les adapter aux risques d’impayés liés au contexte international actuel, à savoir que lorsque l’entreprise connaît un sinistre, elle ne devra plus attendre 6 mois pour être indemnisée, mais 3, ce qui devrait l’aider à renflouer sa trésorerie plus rapidement. L’an passé, l’ODL s’est doté d’une procédure ESG (critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance), qui est très lourde en termes de temps d’analyse et de critères revus qui sont appliqués tant à l’entreprise luxembourgeoise qu’à son client international. Néanmoins, cette procédure est maintenant bien intégrée dans nos processus et nous permet de mieux repérer et sanctionner des pratiques commerciales non respectueuses de l’environnement et des droits de l’homme, mais aussi toutes celles qui pourraient être entachées de corruption, blanchiment d’argent ou financement du terrorisme. Pour conclure, nous tenons à réitérer notre soutien aux entreprises exportatrices et leur dire que l’ODL reste leur partenaire privilégié, d’autant plus lorsque le contexte international est difficile à appréhender.
Quelques chiffres
(non encore audités lors de la mise sous presse)
Propos recueillis par Isabelle Couset
