La note d’information communiquée mi-avril par le Commissariat aux Assurances sur les enjeux réglementaires liés à la finance durable aurait dû sonner comme un rappel au secteur de l’assurance. Le ton neutre et la portée généraliste de cette communication apparaissent pourtant davantage appropriés à un éveil des consciences.

Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une expression par le régulateur d’une partie des préoccupations des consommateurs, des dirigeants politiques et des investisseurs. Le public en général s’attend à ce que le secteur de l’assurance intervienne en grand renfort pour s’attaquer à toute la complexité des défis environnementaux et sociétaux.

Le devenir de l’humain se façonne au rythme et à la profondeur de ses actions sur le monde qui l’entoure. Et notre avenir passe par la conscience que nous en avons. Si nos efforts nécessaires face au défi climatique sont une des premières tâches qui nous vient à l’esprit, la préservation de nos sociétés se complète par d’autre dimensions. L’avènement du mouvement environnemental, social et de gouvernance (ESG) concrétise les engagements sur lesquels les activités humaines et les entreprises en particulier doivent se porter.

Cependant, le temps – et le cadre réglementaire – n’est plus à l’étude des concepts. Les entités d’intérêt public en particulier sont priées de montrer la voie par la mise en oeuvre d’indicateurs, de mesure concrètes et en rendant compte de leurs résultats en la matière. L’exigence va très vite s’étendre à l’ensemble des acteurs économiques, puisque, dès 2026, la directive Européenne CSRD concernera la vase majorité des entreprises.

Il ne s’agit pas uniquement de conformité

En effet, il existe un consensus croissant parmi les consommateurs et les investisseurs sur le fait que les assureurs peuvent et doivent apporter une valeur ajoutée sociétale. Et ce, en raison de leur expertise approfondie en matière de risques et de leur capacité unique à protéger les individus ainsi que les entreprises de toutes formes et tailles.

La réflexion globalisée des assureurs entamée au sortir du COVID sur l’adaptation des produits d’assurance à de nouvelles attentes des consommateurs se trouve en nécessité de se concrétiser. En suivant une démarche d’impact by design, ces nouveaux produits s’assortiront d’une contribution sociétale positive indéniable. Pour ce faire, les priorités à adresser sont parmi les suivantes :

  • étendre les couvertures en matière de sécurité financière, incluant les pensions complémentaires, à un plus grand nombre de citoyens ;
  • repenser les stratégies des portefeuilles en intégrant les préférences en matière de durabilité et en identifiant les segments de clientèle les plus intéressés, particulièrement ceux qui changeraient de fournisseur pour un produit d'assurance durable et socialement orienté ;
  • repenser la portée des protections accrues contre les risques climatiques et adjoindre des dispositions ou garanties facilitant la transition vers une économie plus verte ;
  • ces produits doivent être compréhensibles, abordables et accessibles ;
  • répondre à la demande de protection contre les menaces cybernétiques.

S’atteler à une évolution de l’assurance traditionnelle nécessite un changement fondamental, passant d'une couverture portant sur des risques et des périodes clairement définis à la création de solutions flexibles aidant les individus à gérer l'incertitude tout au long de leur vie.

Cependant, la commercialisation des produits est une opportunité supplémentaire de véhiculer la proposition de valeur des entreprises d’assurances, et notamment en mettant un accent sur le G d’ESG : les aspects de Gouvernance. En démontrant par exemple des pratiques de recrutement qui favorisent une main-d’oeuvre plus diversifiée, équitable et inclusive, et en considérant élargir la portée des rapports ESG en travaillant sur le niveau de détail à fournir au public et aux régulateurs.

Brice Bultot Partner, Insurance Leader
Brice Bultot Partner, Insurance Leader
 

Vanessa Müller Partner, ESG Services Leader
Vanessa Müller Partner, ESG Services Leader

EY Luxembourg