Dans notre monde en constante évolution, y a-t-il néanmoins des tendances fortes qui s’en dégagent ? Nous avons posé la question à Alain Kinsch, Country Managing Partner d’EY Luxembourg.

Dans un cabinet international comme EY, quelles sont les trois grandes tendances qui ressortent du paysage mondialisé dans lequel vous évoluez et qui ont/auront des répercussions sur le pays ?

Il y a tout d’abord la place de plus en plus importante qu’occupent les pays émergents dans le monde. Il faut savoir que, pour la première fois cette année, les marchés émergents vont dépasser les marchés développés en termes de PIB (1). Le Luxembourg doit donc se positionner dans cette course à la compétitivité. Vu la taille du pays, il doit se focaliser sur quelques pays comme la Chine, issus du Moyen-Orient et d’Amérique latine. Rappelons qu’avec ICBC et Bank of China deux grandes banques chinoises sont déjà installées ici et que la 3e, China Construction Bank (CCB) vient d’ouvrir ses portes au boulevard Royal. Ces banques font partie des plus grandes institutions financières du monde, c’est donc un atout certain pour la place financière luxembourgeoise, qui est en concurrence constante avec d’autres places. De plus, ces banques entraînent dans leur sillage des clients, des investisseurs, des entreprises…

La 2e tendance est sans conteste l’évolution des nouvelles technologies. Aujourd’hui, 5 milliards de personnes disposeront d’un téléphone portable. Cette évolution engendre un développement considérable tant en amont qu’en aval. Dans le domaine des NTIC, le Luxembourg se positionne très honorablement. De plus en plus, les nouvelles sociétés de ce secteur proviennent des pays émergents. Donc, le pays doit rester compétitif pour les attirer.

Enfin, la 3e tendance est démographique. Nos sociétés européennes vieillissent et les pays émergents disposent de jeunes talents. Le Luxembourg doit donc faciliter l’accès aux personnes dont nous aurons besoin demain et pas seulement aux plus hautement qualifiées d’entre elles, comme c’est le cas actuellement.

Comment EY se prépare-t-il à cette mutation ?

Nous nous y préparons en renforçant nos compétences, nos équipes, mais aussi en investissant sur les marchés émergents par le recrutement de locaux dans nos services et par l’envoi de personnel luxembourgeois dans nos cabinets implantés dans ces pays. C’est ainsi que nous avons maintenant un certain nombre de Chinois, notamment, parmi nos collaborateurs. Nous multiplions également les voyages d’affaires et commerciaux dans les pays émergents afin de rencontrer nos (futurs) clients et de déterminer la nature de leurs besoins présents et futurs. Afin de répondre aux demandes des entreprises du secteur NTIC, nous nous devons d’avoir une offre et une expertise de haut niveau en conseil IT et nous nous y employons. Pour ce qui est des jeunes talents, nous poursuivons nos recrutements et misons sur la formation continue et le perfectionnement de nos professionnels.

La Vision 2020 d’EY est articulée autour du slogan Building a better working world. Sur quels grands axes repose-t-elle ?

Notre cabinet a connu une forte croissance ces quatre dernières années. EY compte 1.100 personnes de 47 nationalités. Et nous continuons à diversifier nos activités. Notre Vision 2020 se matérialise plus concrètement dans notre volonté d’attirer les meilleurs talents, mais surtout de leur permettre de travailler au sein d’équipes performantes, dans la diversité et dans le respect de la culture de chacun. Notre ancrage est luxembourgeois, mais notre management a toujours été multinational, réparti entre des associés luxembourgeois (25 %), belges (25 %), allemand (20 %), français (15%) et d’autres nationalités (15 %). De même, EY veille à la diversité des genres et compte 52 % de femmes. Et nous travaillons à briser le plafond de verre qui entrave l’accès des femmes aux postes à responsabilités. Afin de proposer un environnement de travail épanouissant à nos collaborateurs et clients, nous avons investi dans la construction d’un nouveau bâtiment au Kirchberg. Notre façon de graver nos résolutions dans la pierre, en quelque sorte !

Propos recueillis par Isabelle Couset

(1) PIB mesuré à parité de pouvoir d’achat (Purchasing Power Parity)