La trésorerie: le talon d’Achille de la PME
Une entreprise rentable n’est pas forcément pérenne. Trop souvent, les faillites de PME ne sont pas le fait de leur excellence, mais le résultat d’un défaut de liquidités. La gestion de la trésorerie est cruciale quand on veut assurer la viabilité de l’entreprise, à tout moment, mais principalement durant les phases d’investissement ou de développement.
Qu’est-ce qu’un état de faillite, sinon une cessation de paiement ? Au Luxembourg, la fin de l’entreprise, très, voire trop souvent, découle d’un manque de liquidités à un moment donné. L’incident fatal n’est pas forcément le fait d’un mauvais projet d’entreprise ou la conséquence d’un manque de clients, de rentabilité, d’un ralentissement du business. Non, la cause est souvent due à un défaut de cash. « Les cas de PME rentables se retrouvant en situation de cessation de paiement ne sont pas si rares au Luxembourg », explique Philippe Docquier, associé de la fiduciaire BC Lux et gérant de GO Score, société spécialisée dans le conseil et le coaching en gestion d’entreprise. « Bien gérer son entreprise exige avant tout de s’assurer que l’on dispose à tout moment des liquidités nécessaires pour assurer le paiement de ses fournisseurs, de ses collaborateurs, de l’administration fiscale et du Centre Commun de la Sécurité Sociale. »
Dès le lancement de l’entreprise, il faut disposer du capital suffisant permettant d’atteindre le moment où l’on récupère les montants investis. Pour toute phase d’investissement, il faut pouvoir prévoir les ressources financières nécessaires aux nouveaux développements, le moment où l’entreprise commencera à générer à nouveau des liquidités. En attendant cet instant, il faut veiller à pouvoir assurer les besoins courants. « Beaucoup de dirigeants de PME, par exemple, pensent qu’il est plus sain d’assurer des financements sur fonds propres et oublient de veiller à préserver les liquidités nécessaires pour faire face aux aléas du quotidien, la nécessité de devoir payer la TVA à échéance, de faire face à un achat important de matériel… », commente Philippe Docquier.
Prévoir pour mieux gérer
Une bonne appréhension du temps est évidemment un facteur-clé dans l’exercice de la bonne gestion des liquidités. « Entre le moment où l’on effectue une commande auprès de ses fournisseurs, celui où on la règle totalement ou en partie et celui où on est payé par les clients, il y a une période plus ou moins longue qui s’écoule », précise Françoise Jacquet, associée de BC Lux. « L’établissement d’un business plan, d’un budget ou, mieux, la mise en place d’un prévisionnel des besoins en liquidités peut être salutaire. »
Au-delà, il appartient au gérant de l’entreprise de veiller à la bonne gestion de ses liquidités. Il y a différentes possibilités de se constituer et de gérer ce que l’on appelle le fond de roulement. « Le dirigeant d’entreprise doit consacrer du temps au recouvrement rapide de ses créances clients. Une facture qui reste ouverte, c’est de l’argent qui est indisponible pour assurer le fonctionnement de l’entreprise », indique Françoise Jacquet. A défaut de pouvoir demander au client le préfinancement complet d’un service ou d’un produit, sur des projets importants, le dirigeant de PME ne doit pas hésiter à demander le paiement d’un acompte à son client. D’autre part, il faut aussi pouvoir négocier des délais de paiement auprès des fournisseurs. Les dirigeants de PME, souvent très occupés par le développement de leurs produits et services, négligent ces aspects. Or, ils sont cruciaux.
« Enfin, il faut aussi pouvoir négocier des lignes de crédit auprès de son banquier, comme des emprunts pour financer les nouveaux projets. Considérant les taux actuels, mieux vaut ne pas grever les ressources financières propres à l’entreprise et privilégier une source de financement externe », précise Philippe Docquier. « Dernier conseil : ce n’est pas quand tout va mal qu’il faut aller négocier avec son banquier, mais au contraire quand les voyants sont au vert. »
Sébastien Lambotte