Dans un monde en perpétuel changement, le rythme de travail au sein des entreprises s’accélère, provoqué notamment par l’obligation d’intégrer diverses technologies, de gérer les horaires flexibles et les nouvelles attentes des jeunes générations. Les équipes dirigeantes sont soumises à un stress permanent, à une surcharge de travail et à un besoin constant de s’adapter. Comment gérer « ce mode survie » au quotidien ? Des qualités telles que la confiance, la capacité à gérer la complexité, la créativité sous pression et la présence sont essentielles. La pleine conscience, nous explique Séverine Barbette, fondatrice et directrice de Highlight Consulting, est un excellent moyen de renforcer ces qualités.

Séverine Barbette, fondatrice et directrice, Highlight Consulting.
Séverine Barbette, fondatrice et directrice, Highlight Consulting.

Quelle est votre définition de la pleine conscience ?

La pleine conscience est une pratique de méditation laïque. C’est une technique qui entraîne la capacité à poser son attention sur le moment présent, sans jugement. Le dirigeant prend alors conscience de ses pensées, émotions, sensations corporelles et réactions… sans les juger bonnes ou mauvaises, sans vouloir qu’elles soient autrement que ce qu’elles sont ici et maintenant, et les accueillir avec bienveillance envers lui-même.

Et c’est à partir de cette présence à soi que le dirigeant peut travailler pour affiner sa perception des événements, prendre du recul et gagner en clarté. Imaginons qu’un manager n’apprécie pas un collaborateur au sein de son équipe.

Si, à chaque fois qu’il le rencontre, il met un focus sur ses défauts ou manquements, les relations s’altéreront au fil du temps. Si, par contre, il prend conscience de ses jugements et schémas réactifs face à cette personne, il pourra intentionnellement choisir de rester curieux et d’accueillir la personne comme elle est, sans avoir l’illusion de pouvoir la changer. Par contre, il pourra décider de mettre des limites saines, de fixer le cadre et de définir ses attentes, avec fermeté et bienveillance.

Comment se passent les séances ?

Les séances de travail s’adressent à des groupes de 12-16 managers et sont avant tout conçues comme des moments de respiration. Durant celles-ci, les participants sont comme dans une bulle, ce qui leur permet d’activer leur écoute par rapport à tout ce qui se passe en eux. Les séances durent 2 heures et sont programmées pour 8 semaines.

La 1ère heure est consacrée à de la méditation et la 2e à l’exploration de soi, de ses émotions, sensations, (res)sentiments… afin de mieux se connaître pour agir sur le cercle vicieux des schémas mentaux qui nous poussent toujours vers les mêmes actes : fuite, lutte, inhibition, pensées négatives, ruminations… Le but est d’entraîner la capacité à se reconnecter à la réalité à partir du corps, d’explorer ses ressources et de faire face aux défis du quotidien avec plus de souplesse et de créativité.

Qu’en retirent-ils précisément ?

Au fil des semaines, les participants expliquent que le travail de l’attention et l’introspection qui en découle apportent une meilleure connaissance de soi (schémas réactifs, modes de pensées, forces et vulnérabilités), mais surtout une plus grande bienveillance vis-à-vis d’eux-mêmes et des autres. L’approche développe la capacité à ne pas se juger et à écouter ses besoins avec compassion, et à « détricoter » une situation de stress avec recul et à lever le voile sur ce qu’ils pourraient eux-mêmes complexifier à cause de leurs croyances et jugements. Ainsi, ils envisagent par euxmêmes de nouvelles façons de gérer leur temps et leurs priorités.

Ces moments de pause ont donc des effets bénéfiques sur leur vie professionnelle, mais aussi privée, parce qu’ils leur permettent tout d’abord de déconnecter du tourbillon constant qu’est leur quotidien, donc d’apaiser leur système nerveux et par conséquent de réinitier des capacités créatives asphyxiées, sources d’une meilleure maîtrise d’une situation donnée ou d’un imprévu, de se sentir plus forts émotionnellement… donc d’assumer leurs fonctions managériales avec plus d’aisance. Il y a réellement un avant et un après !

Propos recueillis par Isabelle Couset

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