Cushman & Wakefield, Une année charnière pour le retail
La crise COVID-19, avec ses confinements et l’obligation de respecter des mesures sanitaires strictes, a pesé d’un poids bien plus important sur le retail que sur les autres branches de l’immobilier, mais elle s’est révélée être aussi un formidable accélérateur de tendances. Entretien avec Marine Fetique, Senior Negotiator chez Cushman & Wakefield Luxembourg.
Comment se porte le marché du retail ?
La pandémie, qui a obligé les commerçants et obligent encore les restaurateurs à cesser toute activité, impacte(ra) bien évidemment le secteur. Néanmoins, ce que nous observons, c’est que celle-ci a donné un grand coup d’accélérateur aux tendances que nous ressentions déjà bien avant la crise telles qu’une vacance locative en hausse et des loyers en baisse dans les centres-villes et centres commerciaux, alors que les chiffres indiquent tout le contraire en périphérie.
À Luxembourg-Ville, les loyers, qui avoisinaient les 150 EUR/ m²/mois (Ville-Haute) et 90 EUR/m²/mois pour les centres commerciaux avant la pandémie, affichent une baisse entre 10 et 30 %. Nous avons de la demande de nouvelles enseignes intéressées par le Luxembourg, mais elle est de plus en plus opportuniste. En effet, elles disposent de plus de temps et d’une palette plus large de biens pour trouver le bon emplacement et négocier le loyer au juste prix. Même si la situation est difficile pour beaucoup, nous remarquons que certaines enseignes ont tiré leur épingle du jeu : secteurs de l’alimentaire, des produits bio, de l’équipement de la maison, du sport… De même, le luxe s’en sort bien, n’étant pas concerné par l’essor du e-commerce.
Quels enjeux et opportunités voyez-vous en 2021 ?
La crise a accéléré la transformation digitale de beaucoup d’enseignes : développement de sites Internet pour drainer les achats en ligne, click & collect, livraisons à domicile… l’activité est désormais omnicanale, et nous pensons qu’elle le restera en partie. Nous nous attendons à ce que le secteur se réorganise entre magasin physique, dont l’espace sera optimisé, peut-être avec un recours plus important aux objets numériques, et site Internet. Mais il faudra attendre encore un peu pour observer ces différentes transformations, car 2021 sera sans conteste une année de transition.
Les commerces en centre-ville sont-ils voués à disparaître ?
Non, le retail physique a encore de beaux jours devant lui, mais il va se métamorphoser en fonction de ce qu’il a retenu de la crise et des adaptations qui s’imposeront aux autres secteurs économiques (télétravail plus généralisé, par exemple). Avant de revenir à ce que l’on pourrait appeler « la normalité », nous pensons qu’il y aura une surconsommation dans tous les secteurs, laquelle permettra de stabiliser la vacance locative et le niveau des loyers, même si ces derniers n’atteindront certainement plus jamais les montants faramineux d’il y a 5-6 ans. Le retail au Luxembourg représente 1 million de m² de surfaces commerciales pour 626.000 habitants auxquels viennent se rajouter plus de 200.000 frontaliers travaillant au Luxembourg.
Le pays et la ville continuent d’intéresser de nombreuses marques. Nous avons d’ailleurs beaucoup de demandes en ce moment, et notamment du côté de la restauration, car les enseignes souhaitent profiter de la crise pour saisir des opportunités d’emplacement et de loyer attractif. Certaines sont même déjà prêtes à ouvrir en juin, si la situation le permet. En périphérie, des villes comme Differdange ou Belval sont en pleine extension. Donc, des projets, il y en a, et nous voyons l’avenir du retail avec optimisme !
« Le pays et la ville continuent d’intéresser de nombreuses marques. Nous avons d’ailleurs beaucoup de demandes en ce moment, et notamment du côté de la restauration, car les enseignes souhaitent profiter de la crise pour saisir des opportunités d’emplacement et de loyer attractif. »
Propos recueillis par Isabelle Couset