Au Luxembourg, la pénurie de logements dits sociaux est un réel problème. Sachant que les ménages qui ont des revenus modestes ne peuvent pas se loger par leurs propres moyens sur le marché immobilier classique et que de nombreux biens et terrains immobiliers sont vacants, l’Agence Immobilière Sociale propose une alternative dans laquelle propriétaires et locataires sont gagnants, comme nous l’explique son directeur, Gilles Hempel.

Gilles Hempel, directeur, Agence Immobilière Sociale.
Gilles Hempel, directeur, Agence Immobilière Sociale.
 

Comment est née l’Agence Immobilière Sociale (AIS) ?

Au Luxembourg, on estime les logements sociaux à +/- 2 % du parc immobilier. C’est peu au regard des pays voisins qui tournent autour de 20 à 30 %. D’après une étude de Caritas, il manque plus de 30.000 logements sociaux au Luxembourg. De nombreuses familles aux revenus modestes sont donc dans l’impossibilité de se loger. En parallèle, la rétention du foncier par les propriétaires fait que beaucoup de logements restent inoccupés pendant de longues années pour diverses raisons (personnes âgées en maisons de retraite, décès, héritage d’un bien que l’on ne souhaite pas mettre en location…). Face à ce constat, une initiative privée a vu le jour en 2009 sous la forme de la Fondation pour l’Accès au Logement, dont l’Agence Immobilière Sociale est un département, afin de proposer une alternative en matière de logement pour les plus démunis.

Quelle est cette alternative et comment fonctionne-t-elle ?

La mission principale de l’AIS est de rechercher et de mettre à disposition des logements, adéquats et adaptés à la composition du ménage, à des personnes à revenus modestes. Afin de pouvoir offrir des logements bon marché, nous offrons en contrepartie des garanties intéressantes aux propriétaires : paiement du loyer sans faute, encadrement de l’occupant via les services sociaux et nos services techniques, possibilité de récupérer leur bien à tout moment… Depuis 2 ans, les propriétaires bénéficient également d’un avantage fiscal de 50 % sur les revenus locatifs, compensant ainsi la perte entre le loyer que nous payons, en dessous du prix du marché, et celui qu’ils pourraient obtenir sur le marché immobilier classique. Les conventions signées avec le ministère de la Famille et de l’Intégration, le ministère du Logement ainsi qu’avec les offices sociaux d’une cinquantaine de communes assurent le financement public de nos services.

Quel est votre bilan après 10 ans d’activités ?

En 10 ans, nous avons développé un parc immobilier de 525 logements. A cela se rajoute une centaine de logements qui ont déjà été restitués aux propriétaires. 250 familles ont réussi à améliorer leur situation.

Pouvez-vous nous parler de votre projet pilote Baulücken 4.0 ?

Le concept est le même, mais transposé aux terrains vacants, l’idée étant de les louer (5 ans minimum) pour y poser temporairement des modules d’habitation. D’après le LISER, il y a +/- 1.000 hectares de Baulücken dans les PAG (Plans d’Aménagement Généraux) au Luxembourg, de plus, immédiatement constructibles, mais que les propriétaires ne veulent ni vendre, ni développer. Actuellement, nous souhaitons acquérir un bâtiment modulaire et le poser sur un terrain que nous allons prendre en bail. Ces modules d’habitation offrent l’avantage de pouvoir être posés sur un terrain sans devoir creuser des fondations et peuvent être déplacés rapidement sur un autre terrain. Une fois rénovés par la société Polygone, qui est notre partenaire dans ce projet, ces modules ressembleront à de véritables maisons d’architectes. De plus, ceux-ci s’inscrivent dans une optique d’économie circulaire puisqu’ils sont réutilisables ou recyclables.

Pour conclure, quel message souhaiteriez-vous faire passer ?

J’invite tous les propriétaires qui ont des appartements, maisons et terrains vacants à prendre contact avec nous. Au lieu de laisser ceux-ci inoccupés, ils contribueraient ainsi à apporter leur pierre à l’édifice de la solidarité. 

Propos recueillis par Isabelle Couset

www.ais.lu